LuLu on the road

C'est Noël. C'est la fin de l'année. C'est lorsque s'impose à nous un bilan de l'année écoulée. C'est pour moi le plaisir de poster ces nouvelles lignes sur ce merveilleux voyage qu'un jour de septembre j'ai décidé d'entreprendre. Un défi d'ado maintes fois rêvé qui fait dorénavant partie de moi pour toujours. 

Véritablement pétrifiée par le défi que je m'étais lancé, mais absolument certaine de ma décision, je suis partie. Presque sans regarder par le hublot, laissant les nuages m'envelopper, je me préparais à ne pas être préparée... car il n'y a aucun moyen de se  préparer à l'intensité de ce voyage, aux joies, aux rires, aux tristesses, aux peurs et aux doutes.

Une parenthèse avec le monde pendant laquelle je me suis nourris de couleurs, d'odeurs, de sons et d'instants dérobés. Des mois de contemplation souvent silencieuse car ainsi j'ai souhaité aborder cette expérience. 

J'aimerais finir en reprenant les mots de de Sylvain Tesson, parti vivre seul 6 mois sur les rives du lac Baïkal en Sibérie : "qu'est-ce que la solitude ? Une compagne qui sert à tout. Elle est un baume appliqué sur les blessures. Elle génère des pensées puisque la seule conversation possible se tient avec soi-même. Elle lave de tous les bavardages, permet le coup de sonde en soi. Elle convoque à la mémoire le souvenir des gens aimés."

N'abandonner jamais vos rêves.

"Voyager, c'est demander d'un coup à la distance ce que le temps ne pourrait nous donner que peu à peu." Paul Morand

"C'est en se retournant pour regarder le chemin parcouru que l'on sourit à la vue des cailloux dont on s'était fait des montagnes..."

"Tes pieds t'emmeneront là où se trouve ton coeur." Proverbe Chinois

"On ne va jamais aussi loin que lorsqu'on ne sait pas où l'on va." Christophe Colomb

"Le voyage est un retour vers l'essentiel." Proverbe Tibétain

"Certains pensent qu'ils font un voyage, en fait, c'est le voyage qui vous fait ou vous défait." Nicolas Bouvier 

Je les ai aperçues, embrassées, trackées, observées, écoutées. Elles sont notre monde. 

C'est un chapitre sur les lieux de nuit et leurs rituels que j'aimerais ce soir avec vous partager. 

J'ai croisé beaucoup de voyageurs qui prenaient leurs chambres en photos, j'étais d'abord interpellée, j'y ai ensuite pensé, puis, comme pour ne pas figer ces instants matériels, je l'ai occasionnellement fait.

Pendant la plus grande partie de ces 8 mois d'escapade, mes nuits se sont déroulées dans des dortoirs, plus ou moins intimes, plus ou moins silencieux, plus ou moins odorants ! Heureusement plusieurs intermèdes sont venus rythmés cette intéressante routine dont le plus luxueux, 10 jours à Bali dans deux merveilleuses villas louées par mes parents, mais aussi un appartement ultra moderne avec une vue sur tout Hong Kong chez Antoine et Julie et enfin, avec la venue de Charlotte pendant quelques semaines en Asie, l'accès récurrent à des chambres privatives avec la plupart du temps des sanitaires privés et la télévision !  

Parmi les rituels inéluctables avant le coucher: l'inspection systématique des matelas suivie de la pulvérisation de celui-ci avec un antipuce (recommandé par un vétérinaire rencontré en Argentine !), le port d'un sweat à capuche, pour ne pas poser la tête à même l'oreiller, le badigeonnage intégral du corps (et jusque dans les moindres recoins) de répulsif pour moustiques pour ne pas attraper la dengue (absence de moustiquaires ou état pitoyable de celles-ci déjà maintes fois raccommodées). Puis selon les lieux, boule quiès et masque de nuit. Parée mais pas sexy !

Il y a ensuite les lieux sordides qui s'imposent à vous car vous n'avez pas le choix : vous avez raté un bateau, un bus, vous arrivez après la fermeture du poste-frontière, vous ne savez pas où loger dans cette ville dans laquelle le bus de nuit vous dépose à la gare routière à 3h du matin sans que vous ne réussissiez à vous localiser, ou bien vous n'avez pas réfléchi que vous êtes en haute saison et que tout est plein... Bref, vous n'avez pas le choix. S'imposent alors à vous des moments plutôt difficiles : cafards,  matelas moisis, ressorts qui vous ruinent le dos, portes qui ne se ferment totalement, bruit incessant... Véritables moments de désarroi exacerbés par la fatigue, la chaleur et l'humidité ou bien le froid des montagnes. Le repos est difficile. Mais avec du recul, quelques mois plus tard, des souvenirs que vous n'êtes pas prêts d'oublier, n'est ce pas Charlotte? 

Il y a aussi des situations incongrues, comme ce dortoir mixte de 20 lits à Kyôto (25 euros la nuit) avec sanitaires sur le palier. Sur 20 lits, 18 garçons, 18 paires de chaussures qui littéralement, puent. Des chaussettes, des caleçons qui trainent, des effluves alcoolisées mêlées de ce que je qualifie "d'odeur mâle"... Bref, dans ce cas, on est énervée: on réclame le lit du bas prêt de la porte pour aller discrètement faire pipi en pyjama, on isole le lit avec des paréos pour un peu plus d'intimité, on s'énerve sur tous les mal élevés qui font claquer la porte chaque fois qu'ils rentrent ou sortent à toute heure de la nuit et on joue à la "police de la clim" que ces messieurs n'ont de cessent de vous coller à 16 degrés... Bien entendu, boule quiès, masque et somnifères pour on l'espère, un peu de repos :)

Enfin, ce chapitre traitant des "lieus de nuits" serait incomplet si je n'abordais les trajets en bus et en train. Leur point commun, la température identique à celle d'une chambre frigorifique ! Après avoir connu quelques moments de souffrance thermique, vous apprenez à préparer votre sac à dos de telle sorte qu'avant de prendre place vous récupérez chaussettes, paréos et sweats soigneusement disposés sur le haut de votre sac à dos. Hormis la température, le train que je n'ai expérimenté qu'a deux reprises au Vietnam s'est avéré un moyen de voyage très agréable même si long et bien entendu, jamais ponctuel.

Quant au bus, ah... il y aurait si long à en dire... ! Debout, assis, à moitié allongé, complètement allongé, sur les genoux de quelqu'un, avec quelqu'un sur vos genoux, dans la cabine du conducteur, en haut, en bas, sur des matelas ! Un éventail de confort. Le must? le bus "super cama" en Argentine : sièges en cuir inclinables à 180 degrés,  couverture polaire, oreiller, télé individuelle et rideau de séparation (vécu une seule fois et dans les premiers jours de voyage, très mauvai spour la comparaison ensuite !). Le pire ? le bus "très très local" pour un long voyage de nuit parmis les néons colorés, la radio qui grésille, les téléphones qui vous réveillent au son de Mickeal Jackson ou Christina Aguilera, et les jacks fruit autrement appelés "durians", ces fruits dont on dit que l'odeur s'apparente à celle du camembert ! Sympa lorsque le bus en transporte des kilos entiers. Mais tant que le bus ne tombe pas en panne, tout est super en fait ! Le plus inattendu ? Un bus avec des matelas deux personnes mais aux proportions asiatiques (largeur 70, longueur 150), une petite barre de métal pour ne pas vous écrabouiller dans le couloir dans les virages (conduite de nuit = conduite sportive), bref, du jamais vu. Intéressant si les dimensions avaient été autres ou bien que Charlotte et moi avions réservées 4 couchages !

Mais finalement, je referais tout pareil....ou presque !

Que de vagabondage en sept semaines ! Exténuées nous sommes rentrées à Bangkok, mais avec du recul, que de merveilleuses images nous avons glanées, que d'aventures incongrues nous avons vécues. 

Rassasiées des magnifiques paysages du Nord du Vietnam, et notamment des rizières de Sapa, c'est vers le Laos puis le Nord du Cambodge que nous nous en sommes allées. Enfin, il nous aura fallu 2 jours et 2 allers-retours à l'aéroport avant d'arriver à décoller. Lorsque je pense que nous fanfaronnions à propos du fait que la mousson nous avait plutôt épargniées en ce mois de juillet et que la pluie ne s'était que très peu montrée... que n'avions-nous pas dit ! Arrosées, voir, inondées, auraient également été de très bons titres à ce chapitre ! Depuis la Baie d'Along en passant par Luang Prabang et jusqu'aux 4000 îles, nous avons subi les affronts de la pluie tropicale, usant et re-usant les magnifiques ponchos plastifiés toujours disponibles à la vente sur le bord des routes ! Des kilomètres sous la pluie, à pieds ou à moto, les tongs collées au sol à cause de la boue, les dérapages pas forcément contrôlés et, pour moi une jolie infection à l'orteil à force de patauger dans ces eaux stagnantes. 

Une semaine sous cette pluie, à laquelle s'ajoute l'inconfort des auberges du Laos, aura donc suffit à nous décider à regagner plus vite que prévu le centre du Cambodge, zappant la jungle du Nord, de crainte que nous y rencontrions encore la pluie, pour aller découvrir Siem Reap et regagner la Thaïlande pour nous reposer quelques jours au soleil sur l'île de Ko Thao !

Installées dans un n-ième bus pour une vingtaine d'heures, nous passons la frontière Laos/Cambodge, où, sachez-le, il est impossible d'obtenir tampons de sortie et d'entrée sans quelques billets verts remis aux douaniers... Ulcérées et fortes de compatriotes européens décidés à se liguer avec nous contre ces patriques odieuses, nous avons tout tenter, en vain le chauffeur de bus ayant décidé qu'il partirait sans nous mais avec nos bagages qu'à cela ne tienne ! 

Bangkok - Phnom Penh - Kampot - Kep // Ile de Phu Quoc - Tra Vinh - Can Tho - Ho Chi Minh - Hoi An - Hué - Ninh Binh - Hanoi - Baie d'Along - Hanoi - Sapa et alentours - Hanoi // Luang Prabang - Ventiane - Pakse - Paksong - Plateau des Bolowen - 4000 îles // Siem Reap - Angkor // Bangkok  

Voilà maintenant 1 mois que la porte de ma chambre s'est ouverte laissant apercevoir la frimousse de Charlotte: "interdit de pleurer" m'a t-elle dit en entrant! Embrassades de rigueur et constat que grâce à Skype nous avons l'étrange impression de nous être quittées hier. 

Après une nuit à Bangkok, c'est vers le sud du Cambodge que nous avons commencé à rouler, prêtes pour l'éventuelle épreuve du passage de frontière. Il faut dire que si l'on se fie aux commentaires alarmants du Lonely Planet, on ne peut être que très stressé. Finalement, aucun problème, juste des petits billets verts à l'effigie de Fitzgerald :)

Phnom Penh incontournable capitale, Kampot pour son poivre, Kep pour ses crabes puis nous nous dirigeons vers la frontière pour nous rendre au Vietnam. Beaucoup plus compliqué cette fois...! Nous n'avions pas réalisé que le visa vietnamien ne pouvait s'obtenir au poste frontière et avons donc passé 5h30 sur une moto pour nous rendre au plus proche consulat. Bien entendu, 5h30 dont au moins 2h30 sous des trombes d'eau que notre ridicule poncho en plastique saturé ne retenait même plus... C'est peu dire que de parler d'un petit mal au coccyx ! Mémorable mais plus jamais ça, d'autant que finalement de retour après la fermeture du poste frontière, il nous a fallu passer la nuit dans un hôtel sordide et sale dans ce no man's land au décor peu engageant.

L'île paradisiaque de Phu Quoc est notre première étape vietnamienne et nous la trouvons franchement bien méritée après tout cela. Ballades en scooter sur les pistes de terre rouge bordées de palmiers. Farniente sur les plages de sable blanc. Poisson frais grillé au marché nocturne. Notre premier coup de coeur. Il y en aura 2 autres.

De retour sur le continent, ce sont 3 semaines du sud au nord du Vietnam qui s'offrent à nous. Le delta du Mékong (sale, franchement très sale), Hoi An, notre deuxième coup de coeur, Hué, Ninh Binh, Hanoi, Sapa (notre troisième coup de coeur), la Baie d'Along et de nouveau Hanoi où nous nous trouvons aujourd'hui dans l'attente de notre vol pour le Laos. 

Je redoute quelque peu la fin de ce chapitre vietnamien, car c'est maintenant qu'il me faut conclure sur ce pays et vous livrer mes impressions... DIFFICILE sera le mot juste. Quatre semaines vraiment fatigantes à lutter en permanence contre l'agression sonore, les entourloupes, les malentendus, les transports compliqués, l'anglais souvent inexistant. Nous le savions, tout le monde en parle, il n'est pas évident de voyager ici. Il y aura quand même eu de très belles exceptions, des rencontres avec des gens souriants et serviables et aussi difficile que soit l'expérience, le Vietnam regorge de beautés.

Pele mêle de nos trois coups de coeur pour finir en douceur (du sud au Nord : Ile de Phu Quoc, Hoi An, Sapa et les peuples du Nord Vietnam.

Après maintes tergiversations, prises d'opinion, j'ai finalement suivi mon immense envie de sushis et ai décidé de ne pas éliminer le Japon de mon itinéraire ! 

Depuis ma découverte de Tokyo il y a quelques années, j'aime le Japon. Je voulais cette fois plonger dans le Japon traditionnel en me rendant à Kyôto, la ville des Geishas, des 2000 temples et de la délicate gastronomie. 

A l'image des jardins de pierres des temples zen, ma semaine à été simple et heureuse, rythmée par les ballades à pieds pendant lesquelles, apparaissaient au détour d'une ruelle, des Geishas au sourire timide. Les réminiscences du passé à Pontochô, les magnifiques maisons d'Ishibe-kôji, les cerisiers du chemin de la Philosophie...

J'aime la délicatesse de ces gens, leur raffinement, leur élégance, leur politesse, leur respect des règles mais, je l'avoue ici, leur côté "trop" m'agace et bien des fois j'ai eu envie de les voir s'agiter, s'énerver... d'être un peu plus "latins" en fait :-) 

15 ans se sont écoulés depuis que j'ai foulé le sol hong-kongais pour la première fois, il s'agissait d'ailleurs d'un territoire anglais à l'époque. 

Toujours ce même plaisir de m'y retrouver. J'aime la démesure qui y règne (même si ça n'est pas la "démesure" telle que celle que l'on trouve à Dubaï), le mouvement perpétuel, le luxe mêlé à la tradition, les mille et unes couleurs de la nuit...

Mais Hong Kong a été surtout l'occasion de retrouver Julie et Antoine, amis parisiens expatriés ici, qui m'ont offert la chaleur d'une maison douillette. Fromage, vin, foie gras, croissants, éclairs au chocolat... une semaine "chaleur-heureuse" que la balance a adoré !

Quand on aime, on ne compte pas n'est ce pas ?

Il est bien difficile de vous quitter les Charnacé... Merci pour votre accueil et bienvenue au futur bébé.

Après pratiquement un mois passé aux Philippines, je n'ose pas encore tout à fait vous parlez de ce pays. Il y a l'endroit et l'envers du décor, et, pour vous qui connaissez déjà ce lieu ou bien le découvrez à travers mes écrits, je ne veux tenir de propos erronés. 

Il y a les sourires merveilleux, les eaux turquoises parmi les plus belles au monde, le sable blanc, la végétation luxuriante, le dodelinement de la tête, les gens toujours prêts à vous aider, les motos qui vous prennent en stop, les jeepneys aux multiples couleurs et à la musique tonitruante, les massages sur la plage, les fonds marins extraordinaires... bref, la liste est longue et le tableau bien beau.

Mais qui n'a jamais entendu parler des Philippines pour sa misère et sa prostitution? il me faut ici également évoquer les rues de Manille où dorment des familles entières dans la plus grande misère ? Les prostitué(e)s, hommes et femmes et hommes-femmes. Les nombreuses associations qui volent au secours des enfants abusés ? 

Comment puis-je vous parler avec justesse de ce pays qui m'a bouleversé ? 

Comme toujours, ces écrits ne sont que la transcription de ce que mes yeux ont vus et mon coeur vécu. Certes, mon séjour y a été merveilleux, mais, je ne peux que penser à mon amie Delphine qui y a travaillé comme bénévole chez Caméléon, et qui pourrait vous raconter autrement les Philippines. 

Sachez, quoi qu'il en soit, que ce pays mérite qu'on lui rende hommage et qu'on l'aide à grandir dignement. J'espère que mes propos y contribueront à leur petite mesure

Apprenons, lisons, au sujet des Philippines.